Lexique et grammaire en usage : données et représentations
9-10 nov. 2023 Montpellier (France)

Orientations scientifiques du colloque

La compétence lexicale du locuteur et la connaissance des mots de sa ou ses langues, auxquelles on se réfère habituellement par le terme lexique mental, ainsi que les rapports que ce dernier entretient avec la grammaire ont connu, ces dernières décennies, des bouleversements. Pour ne citer que cet exemple, la distinction (Kiparsky, 1982 ; Lieber,1982) entre « lexique permanent », où l’on trouve les lemmes/unités lexicales sans structure interne, et le « lexique dynamique », où l’on trouve les processus morphologiques, i.e., la dérivation, composition et flexion des mots, a cédé la place à une approche plus unifiée, où les processus ne sont pas isolés du support sur lequel ils opèrent et où la grammaire (et/ou la morphologie) fonctionne parallèlement à la syntaxe (e.g. Booij, 2003).

Si le progrès et les avancées dans le domaine sont indéniables, il convient de souligner une certaine dissymétrie entre l’immense masse de données accumulées en matière de certaines langues versus la quantité limitée d’études et de données consacrées à d’autres. La grande variabilité en termes de types de langues, de profils de locuteurs et de conditions d’acquisition/apprentissage/discursives constitue indéniablement une richesse. Néanmoins, elle n’est pas sans poser problème lorsqu’il s’agit de décrire le lexique et/ou la grammaire d’une langue, ou bien lorsqu’il s’agit de collecter, analyser et interpréter des données linguistiques qui se veulent objectives et rigoureuses. Si l’on prend comme exemple les études en ligne qui emploient des protocoles expérimentaux (ex. en matière de traitement morphologique), on s’aperçoit rapidement qu’une certaine homogénéité en termes de profil et de niveau de compétence des participants est nécessaire pour donner lieu à des résultats statistiquement exploitables permettant de formuler des conclusions. Ces questions deviennent encore plus complexes lorsque le système langagier fonctionne parallèlement en deux langues a fortiori quand celles-ci présentent des différences en termes de typologie et d’usage.

Des habitus en matière de recherche ont également contribué à la sur-représentation de certaines langues, dont l’anglais, qui finissent par imposer une sorte de norme implicite, en matière de données quantitatives mais également qualitatives. Ceci conduit à la sous-représentation de combinaisons linguistiques moins fréquentes, voire la mise à l’écart de faits de langue du fait de leur éloignement par rapport à cette norme. Cependant, les données issues de langues jusqu’à présent moins représentées pourraient se révéler cruciales pour faire avancer nos connaissances théoriques sur le lexique et la grammaire et leur mise en application dans des situations langagières concrètes.

Enfin, les vues, les définitions, les descriptions et les approches théoriques au sujet du lexique et de la grammaire, ne sont pas indépendantes des traditions linguistiques et philologiques, voire philosophiques et scientifiques, parfois millénaires. Des distinctions comme celles relatives à l’oral-écrit, aux niveaux de langue, au lexique de spécialité vs lexique général, ne sont pas sans influencer les représentations des langues dans une situation donnée, la manière dont un fait de langue sera décrit et enseigné (ou pas). Les rapports entre différentes variétés, comme, par exemple, dans le cas du démotique et de la langue pure du grec, du chinois standard et des langues sinitiques, influencent incontestablement la perception du locuteur de sa propre compétence langagière et de son (éventuel) plurilinguisme. L’étude du « plurilinguisme interne » est susceptible, entre autres, d’enrichir la description du système et d’en étendre les possibilités en matière de représentation, d'application et de modélisation.

Nous invitons les propositions de contribution s’inscrivant dans les thématiques suivantes (liste non exhaustive) :

  • la description et la caractérisation de faits de langue, des situations de contact et de transfert linguistique, surtout des langues moins étudiées ;
  • l’acquisition des langues secondes et/ou étrangères et leur didactique
  • le fonctionnement des locuteurs et les processus cognitifs qui sous-tendent le traitement langagier en L1 mais aussi en L2 (L3…, etc.)
  • l’histoire des idées linguistiques et la philosophie du langage

Les propositions de communication peuvent concerner tous les niveaux d’analyse (phonologie, sémantique, morphologie, syntaxe) et leurs interfaces, ainsi que tous les domaines des sciences du langage (sociolinguistique, neurolinguistique, psycholinguistique, philosophie, etc.).


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